Le RER sur les rails médiatiques et politiques ?
Ce dimanche 27 novembre, Emmanuel Macron a annoncé l’objectif de « développer un réseau de RER dans les dix principales villes françaises ». Immédiatement, cela a créé une avalanche médiatique. Rallumons l’Étoile a ainsi été sollicitée pour 12 interviews : France 2, France 3, France Bleu, la Dépêche, Actu Toulouse, La Tribune Toulouse, Touléco, etc. Que retenir des interventions des différents acteurs depuis une semaine ?
➡️ Un État volontariste qui doit préciser ses intentions et les moyens
En s’exprimant dans une vidéo sur YouTube, le président de la République n’a pas détaillé le calendrier, les villes concernées ni le financement de cette mesure visant à « tenir notre ambition écologique ».
Si l’annonce de l’État a semblé surprendre jusqu’aux membres du Gouvernement, ceux-ci se sont relayés dans la semaine pour apporter certaines précisions. « Le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, a notamment indiqué que le gouvernement aller annoncer début 2023 un plan d’investissement dans le ferroviaire « de plusieurs dizaines de milliards d’euros » (🔗). Le plan du gouvernement compte s’appuyer sur un rapport du Comité d’orientation des infrastructures (COI) – attendu avant Noël.
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➡️ Des acteurs locaux prêts à avancer dans toute la France
Dès l’annonce présidentielle, des articles et reportages ont fleuri sur tout le territoire soulignant les attentes fortes à Strasbourg, Bordeaux, Marseille, Lyon, Grenoble, Nantes, Rouen, etc.📍
Ce 1er décembre, un communiqué de Régions de France et de France Urbains (🔗) indiquait que « les Métropoles et Régions, autorités organisatrices de mobilité, sont pleinement engagées pour le développement des RER métropolitains : elles demandent conjointement à la Première ministre de passer des annonces aux engagements concrets. »
Olivier Razemon (journaliste spécialiste des transports), a proposé une longue analyse dans Le Monde : « RER dans les grandes métropoles : les difficultés d’un déploiement qui a déjà commencé (🔗) ». « A l’image de Strasbourg, des métropoles n’ont pas attendu l’initiative d’Emmanuel Macron pour élaborer des projets de trains de banlieue à horaire cadencé. Mais le morcèlement des responsabilités locales complique le financement, et la gouvernance. »
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➡️ Les paradoxes du RER toulousain
S’il cite Rallumons l’Étoile parmi les associations précurseures, Olivier Razemon souligne que « dans ce déferlement de bonnes volontés, une voix détonne, celle de Jean-Luc Moudenc (Crédit photo : Mairie de Toulouse). Le maire et président (ex-LR) de Toulouse Métropole qualifie le RER métropolitain de « totem » et de projet « pas documenté ».
✅ Alors qu’il avait semblé ouvrir la porte le 20 octobre dernier en votant à l’unanimité avec tous les élus de Toulouse Métropole un vœu pour un accord entre la Région, Tisséo, l’État et la SNCF sur une première phase du RER toulousain (🔗), Jean-Luc Moudenc a précisé sa position détonnante dans de nombreuses interviews comme celle à Actu Toulouse (🔗). D’un côté, il a semblé refermer la porte à la moindre participation de Tisséo : « j'ai toujours dit que je m'opposerai à ce que la Métropole ou Tisséo verse 1 seul centime à un projet de RER métropolitain qui, selon moi, relève de la compétence régionale ». Mais d’un autre côté, il souligne la difficulté à vraiment se positionner faute d’études factuelles et partagées : « Il y a des études qui ont été conduites par la Région sous couvert de l’État. [...] Je demande donc la publication de ces études pour que l'on rentre dans le fond du sujet, pour savoir si ce projet est faisable ou pas et s'il est faisable, à quelles conditions l'est-il, est-ce qu'il est utile, moyennement utile, peu utile... [...] On n'améliore pas la vie des gens avec des positions de principe mais avec des projets et des réalisations concrètes. C'est ça qui manque à ce débat sur le RER métropolitain toulousain. »
Carole Delga a salué l’initiative d’Emmanuel Macron et elle a appelé à des actes concrets tant l’État que Tisséo. Dans une interview à la Dépêche (🔗), elle a notamment indiqué : « Pour le projet de RER, la Région ne peut assurer seule le financement. Pour avancer rapidement, il doit être partagé entre l'État et toutes les collectivités du territoire, y compris l'autorité des transports urbains qu'est la Métropole de Toulouse et son opérateur Tisséo. »
Le 1er décembre, le RER toulousain a été évoqué en marge de la signature du Contrat Plan Etat-Région (CPER), document cadre qui fixe les orientations des grands investissements publics en Occitanie. Alors que le volet mobilités doit être complété courant 2023 après la définition des priorités de l’État, Elisabeth Borne, interpellée par Carole Delga, a confirmé l’importance d’avancer sur le RER toulousain : "Quand on voit les embouteillages à Toulouse, c'est très important de développer ce RER (🔗)".
Pendant ce temps là, Philippe Emery (journaliste à la Dépêche), a rappelé qu' « on peut prendre le TER Toulouse-Colomiers avec un ticket de métro, mais Tisséo préfère le bus (🔗)». En effet, cela fait 30 ans qu’il est possible de prendre le train entre Colomiers et les Arènes avec un ticket ou un abonnement Tisséo. Mais le calculateur d’itinéraire de Tisséo ne propose pas cette possibilité aux usagers en les invitant seulement à prendre des bus pourtant bien plus longs. Pour ce service, Tisséo donne chaque année une contribution de près d’un million d’euros pour financer la différence de prix, mais aussi une partie du déficit d’exploitation. L’accord actuel avait, notamment, été négocié par un ancien adjoint aux déplacements et à l’urbanisme de la Mairie de Toulouse nommé Jean-Luc Moudenc. Celui-ci a été également impliqué dans la création de nouveaux quartiers autour des nouvelles haltes de Saint-Martin-du-Touch et des Ramassiers.
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✅ La position de Rallumons l’Étoile : ne pas louper le coche
L’association s’est bien sûr félicitée de la prise de position du Président de la République qui est venue confirmer la priorité pour l’État de création de RER métropolitains depuis l’impulsion donnée en 2018 par Elisabeth Borne, alors Ministre des Transports. Après les prises de position des acteurs locaux les semaines précédentes (🔗), la dynamique est positive, mais les déclarations ne font pas les réalisations. « N’auront de financement de l’État que les métropoles qui ont un projet comme Bordeaux ou Strasbourg. Si Toulouse n’en présente pas, elle ne pourra prétendre à rien. Nous avons déjà perdu beaucoup de temps. Il ne faut pas rater le coche », a ainsi estimé Benoît Lanusse, président de l’association, dans Touléco (🔗).
Rallumons l’Étoile a donc renouvelé son vœu d’une première phase pragmatique du RER toulousain avec des avancées par étapes et des coûts raisonnables compatibles avec le financement des projets de LGV et de métro. Et pour débloquer le projet, l’association a de nouveau appelé à s’inspirer de Strasbourg (🔗) : un « choc d’offres » est-il possible dès 2024 pour accompagner la mise en place de la ZFE ? La ligne Colomiers-Arènes pourrait ainsi être cadencée très facilement à la demi-heure de 5h à minuit dès 2024.
- Meilleur cadencement des trains toute la journée, tarification intégrée, meilleure coordination des bus : l’étude de projets concrets pourrait permettre de mettre sur la table des éléments factuels pour trouver un premier accord entre les acteurs.
- Un tel premier pas légitimerait alors les demandes d’investissements supplémentaires de l’Etat dans le cadre du CPER 2023-2027.
Si elle s’est dite prête à faire des propositions concrètes, l’association a surtout rappelé qu’il était surtout temps que les différents acteurs (Etat, Région, Tisséo, Toulouse Métropole, SNCF) prennent enfin une position commune sur le RER. Cela pourrait être à l’occasion du « Comité de pilotage des études multimodales » qui devrait réunir dans les prochaines semaines le Préfet de Région, Etienne Guyot, Carole Delga, Jean-Luc Moudenc, Jean-Michel Lattes et Sébastien Vincini.
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🚨 En attendant que les institutions se positionnent, Rallumons l’Étoile poursuit son enquête auprès des habitants de la grande agglomération toulousaine « Et si le RER toulousain changeait votre vie ? ». Prenez 5 mn d’ici ce jeudi 8 décembre, pour répondre ou pour inciter vos connaissances à le faire sur https://enquete.rallumonsletoile. fr (🔗)
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